Journal d'un Pitch

Publié le par Jovialovitch

    Alors en fait, voilà, c’est l’histoire d’un type, tu vois, qu’est au chômage. Alors bon, ben il est pas heureux, le mec. En plus, y’a sa copine, qu’est une grosse salope (mais ça on va le voir plus tard), tu vois, qui l’a quitté. Parce que si tu veux, ce type, il est vachement beau, séducteur, et tout… Un peu comme Don Juan, en fait. Alors tu vois, toutes les filles sont raides dingues de lui, tu vois, c’est la folie autour du héros. Et du coup, ben sa copine, elle est pas contente. Tu vois, ça se comprend. Alors là, tu vois ce qu’y faut dire, c’est que le type, il a une sorte de grosse malchance. A chaque fois qu’il fait quelque chose, ben ça plante, parce qu’il est malchanceux, le mec, tu vois. Alors tu vois, là, c’est compliqué à expliquer, mais au fond, grosso modo, le type, il se met à raconter une histoire à un de ses potes là tu vois, comme ça, mine de rien. Et le pire, tu vois, c’est là que c’est vachement louche, le truc, c’est qu’en fait, si tu veux l’histoire qu’il raconte le héros, ben c’est l’histoire d’un type qui raconte une histoire, tu piges ? Et là, tu vois, mais là, je devrai pas te le dire parce que t’auras plus l’effet de surprise si tu veux mais bon, voilà quoi : en fait, l’histoire que le héros il raconte (de ce type qui raconte une histoire), ben en fait, le hic, si tu veux, c’est que l’histoire que le mec de l’histoire au héros de l’histoire, il raconte, c’est l’histoire d’un mec qui raconte une histoire à un autre mec ! Et cette histoire, ben tiens-toi bien, c’est l’histoire d’un clampin qui explique l’aventure d’une personne qui raconte à un de ses proches collaborateurs une épopée qui n’est autre que celle d’un personnage romantique allemand du début de l’ère napoléonienne qui résume à sa femme adorée la drame atroce d’un paysan français sous le règne de Louis XIV qui raconte à un palefrenier alcoolique le légende populaire d’un curé portugais moyenâgeux qui narre la vie d’un évangéliste anatolien et anabaptiste qui écrit une parabole métaphysique sur un succube qui raconte sournoisement à un chérubin blondinet les lucifériennes péripéties d’un Dieu se relatant à lui-même l’histoire d’une divinité qui se fait chier comme un rat mort avant d’avoir l’idée de pondre une sorte d’univers avec des gens dedans et de regarder ce que ça donne. Et c’est là qu’on comprend pourquoi le héros il est si beau, et pourquoi sa femme, c’est rien qu’une garce qui comprend rien, parce qu’en fait si tu veux, mais ça on le découvre à la fin tu vois, c’est Marie-Madelaine, et du coup, ben elle est enceinte de lui, tu vois (enfin, c’est ce que je pense ; on le voit pas, mais c’est obligé, c’est pas possible autrement). Et donc on se retrouve à la fin, mais là, vraiment, je peux pas te le dire, parce que vraiment, si je te le dis, t’auras tout compris, et c’est pas marrant, parce que vraiment, ça vaut le coup ! Et pis, bon, tu vois, après tout, si tu n’a pas tout compris, ben c’est normal, parce que bon, en fait, tu vois, à mon avis, ben ouais, quoi, ben c’est clair : il faut le voir pour bien tout comprendre...

Publié dans Journaux intimes

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