Fafouette : seconde - Les Miss
Aujourd’hui, c’est le grand jour : non pas qu’il soit plus grand que les autres, mais plutôt qu’il est celui où Steve Spielbourg, le fameux présentateur vedette de la chaîne Télé-one, présente l’élection de Miss Malheur ! Je vais vous expliquer chers lecteur en quoi consiste cette élection, suivie par des millions de téléspectateurs aussi stressés à l’attente de résultats qu’un juif polonais sur le point de se faire épingler par un S.S. caractérisé par un sadisme que le divin marquis lui-même n’avait pas.
Il s’agit d’élire la femme la plus malheureuse possible, un peu comme on élirai la plus belle femme d’un pays. Il faut reconnaître que l’idée est assez originale ! Et les audiences s’en ressentent : cette élection marche de plus en plus fort, et les votes des téléspectateurs (car ceux sont eux qui désignent la gagnante) sont de plus en nombreux. Et cette année, le numéro annuel de Miss Malheur semblent très prometteur : Miss Malheur Poitou a été violée par son père quand elle n’était qu’une pure enfant innocente. Miss Malheur Auvergne-Côte d’azur a perdue en journée son mari et ses trois enfants, tous mort dans un terrible accident de la route, causée par elle-même, d’où un déchirant sentiment de culpabilité, dont le public est avide. Miss Malheur Bretagne-Pays Basque a fait huit fausses couches, et n’a réussie à avoir qu’un seule enfant : un vulgaire trisomique. Miss Malheur Forez-Alsace a été lâchement abandonnée par ses parents, puis confiée dans un horrifiante famille d’accueil où elle fut battue jusqu’à ce quelle fugue courageusement et se retrouve à se prostituer dans les rues sordides de Montréal où les nuits sont très fraîches, surtout quand on est assez dénudées (c‘est l‘une des favorites).
La liste est bien sûr non-exhaustive : il y une trentaine de Miss Malheur, qui raconteront leur malheurs aux présentateur, dont le noble rôle sera de poser un maximum de question indiscrète et touchante, dans le but de pénétrer dans la pulpe de l’intimité de ces femmes blessées et déchirés par la vie. Sur le plateau seront aussi présent une brochette de psychologues qui donneront leurs analyses graves et posées des malheurs de chaque miss, accompagnés d’un individu binoclard qui, percher au dessus d’un public dont le rôle principal sera d’applaudir toutes les deux secondes, donnera l’évolution des votes du publics, en nous disant bien sûr que tout cela est très serré, et qu’on a jamais vu ça de toute l’histoire de la télévision.
Conclusion : Mais comme à chaque nouvelle émission novatrice, il y a de vives réactions : certains disent que cette émission n’est qu’un pitoyable ramassis poreux, où de tristes loques en gélatine viennent raconter leur vies terribles, sous le regards d’un public plus voyeur que jamais ! Balivernes ! Quand à ceux qui disent que le malheur est quelque chose de relatif, et que de toutes façons, tout le monde connaît le malheur, c’est dès bêtise : la beauté aussi c’est relatif, et puis, de toutes façon, toutes les femmes sont belles, et pourtant y a bien des élections de Miss beauté !