Poivre ou sel ?

Publié le par Lukaleo

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      Luc Frac est comme qui dirait un gros mangeur. Non pas qu’il mange beaucoup, mais il lit énormément : pour lui, la lecture, c’est la « nourriture de l’esprit », et comme il lit énormément, eh ben c’est un gros mangeur, c’est pas plus compliqué que ça. Et attention, quand on dit que c’est un gros mangeur, c’est vrai qu’il peut vous dévorer un Dostoïevski de mille pages ou un Victor Hugo deux fois plus gros en un rien de temps. Alors bien sûr, c’est le genre de trucs un peu lourd qui bourre un peu : « ça me fait roter » dit-il.

     Eh Dieu sait qu’il en a bouffé du roman : et attention, il est pas du genre franchouillard à lire que les trucs qui viennent de chez nous : Luc Frac n‘est pas un ethnocentriste. En dehors de chez nous, il adore les repas à l’ancienne, Shakespeare, Cervantès, Goethe, Tolstoï, c’est très savoureux ! Cependant, il reconnaît que question bouffe, la France a de loin la meilleur gastronomie littéraire : Baudelaire, Balzac, Flaubert, Zola, tout cela est exquis ! Mais parfois il s’accorde de petites gourmandises qui ne mangent pas de pain : un petit triller à la Dan Brown de temps en temps « on le sent pas passer ! » ou bien du Boileau-Narcejac. Les trucs trop sophistiqués ne lui plaisent pas : « ça me gave ! », et c’est la raison pour laquelle il ne lit pas de Nothomb est encore moins du Michel Houellebecq.

      La nourriture trop pompeuse, il ne l’aime pas : comme celle qui a un goût un peu amer et acre : les romans sur les génocides ou les guerres lui donne de l’aérophagie « j’y peu rien, c’est comme ça ».

      Un jour, alors qu’il venait de finir un plat très cru (trop même) de Sade, un autre qui se mangeait froid, de Stephen King, et un dernier qui était très épicé, de Pagnol, il voulut s’en grignoter un petit avant d’aller se coucher. Mais là, stupeur et tremblement, il n’avait plus de bouffe dans son frigo, heu....de livres dans sa bibliothèque ! « Ben comment que je vais faire ? » se demandait-il, puisqu’il avait encore un petite faim ! « Ben mon esprit réclame de la nourriture que diantre ! ». Et là, la solution lui apparu : mais il s’y refusa, il ne pouvait quand même pas bouffer de cela, lui qui s’était tapé tout Tolkien, tous les Rougon Macard, et même la Légende des Siècles. Et puis sentant qu’il avait vraiment envie de bouffer, il se dit qu’il pouvait bien se permettre de lire de temps en temps des conneries préchauffés : «  Tant pis, quelques miettes de la biographie de Loana, après tout, c’est peut-être pas si mauvais ! »

Publié dans Nouvelles enivrées

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