Les Carnets du dictateur, des courbes relations I

Publié le par Jovialovitch


 

     La relation que j'entretins avec M... changea toute ma vie avec Célestine. J'allais encore souvent la voir, seulement, je commençais à être réticent. Je montrais une certaine honte à nos rapports. Je paraissait soucieux lorsque je l'embrassais qu'elle crut que quelqu'un nous observait et elle allait ouvrir la porte et puis la fenêtre pour vérifier ; et elle revenait poser sa petite poitrine, l'air inquiet, sur mon torse. Bien entendu je ne parlais pas à Célestine de M... ; et lorsque c'était Célestine qui en causait, je feignais toujours de ne plus me rappeler qui c'était. Avec M..., nous nous voyions pour le déjeuner. Elle venait manger ou j'allai chez elle, et contrairement à Célestine, elle était beaucoup plus timide et pudique ; nous nous faisions de nombreux baisers en rougissant. Elle avait beaucoup plus d'humour que Célestine ; et riait beaucoup, sans doute aussi, par nervosité.

     Mais toute cette histoire me troubla car je m'aperçus que M... souhaitait souvent que l'on ne se voit pas. J'appris très vite qu'un autre garçon l'aimait follement et qu'elle le préférait surement à moi, ce qui fit que je ne voulus plus la voir jamais. Je la vis même un jour embrasser devant mes yeux cet individu que je méprisais de toute mon âme et pour lequel je ne laissais pas d'entretenir mon courroux. M... ne faisait guère attention à cela et continuait de m'inviter, et moi, je ne parvenais à résister à ces appels bien que je promettais à chaque fois que cela devait être la dernière fois. Et après le dessert, nous allions nous asseoir dans sa chambre, et elle me déshabillait et nous nous entrelacions. Quand je rentrais chez moi, j'en avais presque oublié Célestine qui faisait tinter à quinze heure mon téléphone pour s'inquiéter si j'allais venir ; et moi, épanoui, je lui disais tranquillement que oui. M... n'avais jamais parlé non plus à Célestine de moi, et lorsque par hasard elle me voyait chez elle, je tentais de montrer que je détestais Célestine en tournant en dérision chacune de ses paroles, et que j'étais là car il y avait des brioches chaudes à manger.

     Un jour que je revenais de chez M..., le téléphone tintât plus tôt qu'à l'accoutumer. Il devait être à peine quatorze heure. C'était Célestine qui m'invitait à un gouter à la campagne. Je lui demandais qui il y avait et elle répondit que nous serions que tous les deux. Alors j'acceptais. Nous arrivâmes dans une sorte de clairière où nous étendîmes sur l'herbe une vaste nappe sur laquelle on déposa des biscuits et des tasses de thé. Pendant que les parents de Célestine installait cela, elle, qui connaissait bien les lieux, partit en courant en direction de la forêt qui allait en descendant. Je la suivais et, lorsque nous fumes arriver assez loin de la clairière, Célestine se mit toute nue et se jeta sur moi. A chaque fois maintenant, je ne supportais plus son odeur, celui de ses habits, etc ; mais à chaque fois aussi, je passais outre. Elle m'ôta mon pantalon et assis sur un tronc d'arbre, nous fumes amener à nous étreindre amoureusement. Nous recommençâmes cela à d'autres endroits ; au bord d'un chemin, dans l'herbe, et à nouveau dans la forêt, où nous allions et revenions comme des enfants dans un parc urbain qui après avoir fait un tour de toboggan reviennent empressés, sur le banc où leur mère les surveille patiemment.

     Cet après-midi m'avait frappé, mais cette fois-ci, je ne retournais plus chez Célestine, que pour gouter. Je ne voulais plus l'embrasser, et elle, était d'autant plus heureuse qu'elle devait, comme une mère, m'entraîner par la force à le faire, à aller dans la chambre, etc ; et moi, qui refusait sans aucune fermeté, mais en rechignant simplement, je cédais toujours à la fin. Je n'allais enfin, quasiment plus chez M... qui, par contre, n'insistait pas pour que l'on se voit ; mais peut-être, était-ce aussi, par timidité.

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