Les Carnets du dictateur, désarroi sur La Rochelle

Publié le par Jovialovitch


 12 de juin


     Damnation ! comble du paroxysme ! la fatalité semble m'étreindre dans toute sa gravité, gravité dont j'ignore encore l'ampleur tant ma cécité, si incorporelle soit-elle en est d'autant plus funeste. Le totem que j'ai érigé pour délester le poids atroce que je supporte avec l'écorce de ma peau écorcher et le vif de mes membres sanguinolents, augmente pourtant davantage le fardeau cérébral et les aberrations allusives. La lutte à mort que nous avions secrètement engagé il y a de cela quelques jours c'est interrompue brusquement et a attisé sur moi le triomphe involontaire et la plus pernicieuse damnation. La lâcheté et la victoire par leur émulsion improbable, par leur fusion étincelante de désarroi en de sanglots magmatiques à jamais imprimés sur les pans navrés de mon faciès en chagriné, corroborent l'âpre vérité que doivent mes yeux âpres supporter face à l'âpreté des choses et en l'occurrence de la vérité âpre. La fin d'une époque.

     Cette précipitation dans les évènements m'incite à présent à partir loin de toute civilisation, à l'écart des masses obscures, dans la solitude, reine de méditation et de savoir éternel. Car à présent que ma pauvre dictatrice a rejoint ses illustres Maîtres, à présent qu'elle m'a définitivement quitté et laissé seul dans cette vallée de larmes, à présent qu'elle a succombé à je ne sais qu'elle mauvaise grippe ou lourde charge que notre combat mortel eut lourdement déposé sur son corps mouvant, à présent qu'elle ne puis plus assister à nos crépuscules miraculeux, à présent que rien n'a de signification, à présent que faire ? Où courir ? où ne pas courir ? N'est-il point là ? n'est-il point ici ?

     Qui est-ce ? Arrête ! Rends-moi mon argent, coquin !... A vrai dire, tout s'est mêlé dans l'angoisse de ne plus vivre et a finalement eu raison de cette pauvre femme que j'avais recueillie sous mes bras protecteurs et mon coeur amoureux, et que j'avais entraîné à travers cette nature à la con, mais aussi dans la jovialité de nos rires contrapuntiques qui plongeaient pourtant, de plus en plus, dans les graves.

     En signe de dévotion j'ai gardé son corps précieusement sous la tente, dans l'attente lascive de sa décomposition durant laquelle je composerai ces textes décomposés. Ce fut une première histoire d'amour, sans doute la dernière, qui s'achève comme chacun l'aurait rêvé, dans le sang ! et l'affliction aussi, car si y' a pas l'affliction, alors forcément c'est moins beau, ça fait tout de suite moins rêver, et pis ça vaut plus l'coup d'façon,

     Que faire à présent ? Où aller ? Qu'espérer encore ? Il faudrait déjà trouver une consolation....oh oui, une si douce si petite consolation....oooooh quelle langueur, mon dieu......une putain de petite consolation.......Mais !.........Oui !.......Oui ! Je l'ai ma consolation !......Celle d'avoir touché La Rochelle !!!

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