Journal d'un chevalier du rail asymétrique

Publié le par Jovialovitch

undefined        Câlinant la furieuse réalité du monde, je dois me résoudre à la clamer haut et fort vers ceux pour qui l’objectivité scientifique n’est qu’une ritournelle abstraite dénudée de toute freudienne signification ! Et en effet, il faut l’admettre une bonne fois pour toute : les rails se rejoignent !... Quoi ?... toi non plus, chers journal, tu ne me crois pas ? Mais enfin, vas-y, positionne-toi entre deux rails, et regarde à l’horizon… Que verras-tu, je te le demande, hein, que verras-tu ? Tu verras, qu’en un point, très lointain, là-bas, juste posée sur la ligne de l’horizon, les deux rails se rejoignent ! Et d’ailleurs, leur perspective exaltée montre bien une chose : elles ne sont pas perpendiculaires, puisque plus on avance, plus elles sont proches l’une de l’autre !
     Alors qu’on arrête de me dire que j’ai tort ! Parce que moi, je suis comme Saint-Thomas : je ne crois que ce que je vois ! Et je les vois se rejoindre, les deux rails ! Tu m’entends, je les vois se rejoindre les deux rails ! Elles sont là, elles courent sur le croûte terrestre, et, vaille que vaille, elles se rapprochent l’une de l’autre, et elles finissent par se rejoindre, en un point, que j’ai affectueusement appelé, le point d’interjection… Et par cette magnifique constatation, enfin, je peux le dire, j’ai trouvé un sens à ma vie, et un jour, je prends date, et je t’en fais la solennelle promesse, un jour, je trouverai ce point, où les deux rails, se fondent pour n’en former plus qu’une seul ! Ah ! Sus, à la chimérique perpendicularité des rails ! Ce n’est qu’une vaste légende !
    Et qu’on ne me parle pas de doute cartésien, qu’on ne m’en dise pas un mot de plus sur la bâton immergé qu’on dirait qu’il est cassé, alors qu’en fait, il l’est pas, et que c’est qu’une illusion, que c’est l’eau qui fait qu’on dirait qu’il est cassé ! Mes rails, ce ne sont pas des bâtons et elles se rejoignent ! Alors, il vrai que malgré mes recherches acharnées, je n’ai pas encore trouvé le fameux point où elles se rejoignent : j’ai beau y passer des week-ends entiers, à courir entre mes deux rails, rien n’y fait, on dirait qu’il se fout de ma gueule, ce salaud de point d’interjection ! Mais bon dieu, je le trouverai, j’y mettrais toutes les polices de France que je le retrouverai ce point ! Ce fuyard ! Parce qu’on pourra me faire ce qu’on voudra, mais quand tu vois deux rails qui se rejoignent en un même point, c’est fatalement parce qu’elles le font !
     Jusqu’à présent, j’ai parcouru deux cents kilomètres sans l’atteindre, mon point de malheur… mais mon cerveau fécond vient de trouver une méthode, qui, il me semble, mettra une bonne fois pour toutes fin à ses volontés lâches. Ma femme, se mettra à la gare de Belleville-sur-Saône, et moi, à celle de Mâcon… Là, moi je descends, elle, elle monte et hop ! Le point d’interjection est coincé entre nous deux, il ne peut nous échapper, et enfin, nous trouverons cet endroit aussi mythique pour moi que le vrai tombeau du Christ ou l’Atlantide, et je crierai au monde entier, que la science vient de faire un grand pas, et qu’enfin, le train à direction des 4 routes de Nébouza n’a que trois minutes d’arrêt !

Publié dans Journaux intimes

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C
tes articles sont loin masi assez interesants <br /> a+ sur le blog de cristobal
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