La face cachée du "Parler pour ne rien dire"

Publié le par Jovialovitch

parler-pour-ne-rien-dire.jpg     Les obsessions n’ont de désirables que l’affriolante spécificité qui les caractérise, à savoir qu’elles se collent à nous avec une opiniâtreté qui frise l’éthéromanie ; ce qui est loin d’être le cas de toutes les choses dont la formulation sémiotique est féminine… Ainsi, les femmes, pour ne citer qu’elles, sont loin d’être aussi fidèles que les obsessions… Par ailleurs, tous les individus pourvus d’un amas spongieux et carnassier à l’intérieur de leur slip, c’est-à-dire les hommes, ont tous des obsessions lancinantes, ne serait-ce justement que le contenu spongieux et carnassier de leur slip ; mais, et c’est là, que la terrifiante vérité éclate au visage du lecteur, tous n’ont pas une femme… Ou alors, et c’est ici que se boucle la boucle, leur compagne féminine sont loin d’être aussi résolument féale que leur obsession, état de fait dont le lecteur attentif n’omettra pas de déceler avec mécontentement le caractère ignominieusement scandalisant…

       Ici, le lecteur cartésien se demande en quoi débute un nouveau paragraphe, dans la mesure où, d’un point de vue purement sémantique, celui qui le précède ne se termine par aucune conclusion que ce soit ni non plus par un fait qui justifierai promptement qu’il se termine ou qu’un autre lui succède si brutalement, ce qui en plus d’être proprement impertinent, est faux, puisqu’il arrive dans ce palpitant récit, la figure blême et terrifiante de celui qui sera pour ainsi dire, le héros de cette histoire : Lilian Pâté, et qui justifie par le simple fait de son arrivée vespérale dans le récit, un nouveau paragraphe… Or donc, Lilian Pâté n’a pas de femme, mais il a une obsession : en avoir une. En plus d’expliquer finement la présence du premier paragraphe, et d’expliciter insidieusement son contenu, la phrase précédente est un modèle d’euphorisme décadiste, puisqu’il pointe de celle-ci une incompréhension naturelle que le lecteur attentif n’aura pas manqué de remarquer, et par ailleurs, d’y déceler habilement la persifleuse volonté de l’auteur voltairien, à savoir de faire exprès une phrase drolatique, qui pour être justement comprise, devra immanquablement être commentée par une seconde phrase, d’où naîtra manifestement l’hilarité du même lecteur… Lilian Pâté, n’a pas de femmes, mais il a une obsession : en avoir une… de femme, naturellement ! (Rires)

         Ne nous égarons pas dans les méandres filandreux qui auraient pour but honorable de démontrer l’absurdité d’une obsession qui consisterait à avoir une obsession, et continuons, que diable, la palpitante histoire de notre héros involontairement célibataire… Le problème de Lilian Pâté, c’est sa laideur : les femmes n’aiment pas la laideur, et par conséquent, elles n’ont aucune raison d’aimer la sienne… Aussi, quand les femmes n’aiment pas quelque chose, elles n’aiment pas celui qui le possède : elles n’aiment pas la laideur, et n’aiment donc pas les laids… En plus de noter l’extraordinaire connaissance de la psychologie féminine de l’auteur, le lecteur constate avec effarement une vérité qu’il ignorait jusqu’alors, et se dit gracieusement qu’il se couchera moins con ce soir. Lilian Pâté a trouvé la solution : la chirurgie esthétique. Après deux ou trois opérations, le voilà beau : or, les femmes aimant la beauté, elles se mettent à l’aimer lui… Lilian n’est plus célibataire, ni celle qui l'a rencontrée ! Le lecteur, affligé par la lecture de cette histoire s’en va, en songeant tout de même, que l’auteur à un sacré penchant, et un certain talent, à en faire des tonnes pour pas grand-chose : aussi, le lecteur pleurs-t-il de joie devant tant de virtuosité, et songe avec pesanteur à boire un bon cognac en songeant à sa plus profonde enfance…. 

Publié dans Nouvelles enivrées

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