Journal de Wolfgang Amadeus Mozart

Publié le par Jovialovitch

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      Fêtard, buveur, baiseur, libertin, débauché, dévergondé, noceur, obsédé et excentrique, je n’en suis pas moins un des plus purs génies que la terre est jamais porté ! J’ai beau faire l’imbécile toute la sainte-journée avec mon rire ridicule et mes railleuses rustreries, je n’en suis pas moins le plus grand compositeurs de ce siècle ! Moi, Wolfgang Amadeus Mozart, je le sais bien, je le vois bien, je l’entend bien : je suis supérieur à tout mes camarades. C’est évident ! Inutile de dire le contraire. Ma musique est la meilleure, elle est je dirai même, l’incarnation terrestre de la perfection. Je crois, et ce n’est pas prétentieux de le dire, que je personnifie le génie musical. Il n’est rien à dire à cela. Bien sûr, je n’égale aucunement Bach, Haydn ou Haendel…à côtés d’eux, je suis un vil joueur d’harmonica. Mais enfin aujourd’hui, personne ne m’égale ! Non, personne, je dis bien personne !Et cette certitude est d’autant plus grisante que mon succès ne vient pas. La mode est à Salieri. Les viennois n’écoutent que lui. C’est affligent. Pouah, les ritals, c’est détestable. Moi, je suis inspiré, moi je compose de la vraie, de la grande musique ! La mienne est galante, pure comme de l’eau de roche ! Mes sons sont céleste, divins, ils dépassent l’entendement humain ! Je suis hors-norme, bon dieu ! Le problème, c’est que je n’en suis pas admirable. C’est vrai, j’arrive devant ma trille, je prend une plume, et hop ! Ca vient tout seul, ça surgit de je en sais où, et vas-y j’écris, j’écris des lignes et des lignes, des heures et des heures de musiques ! Je ne cesse pas ! Je ne m’arrête pas ! C’est fou ! C’est un festival, un avalanche, une cascade ! J’écris presque sans réfléchir ! Comme une furieuse envie de pisser qui n’en finit plus ! Pire que Vivaldi ! J’écris plus vitre que les copistes, c’est dire ! Et ben ça, c’est pas normal ! C’est comme si une voix silencieuse me la dictait, cette musique ! Que Dieu lui-même me les mettait dans le tronche par derrière ! Qu’une inspiration divine et sans cesse renouvelée me monter du fond de l’âme ! Mais bordel, où est mon mérite ? Qu’ai-je fait pour qu’il en soit ainsi ! J’ai du talent, mais j’ai rien fait de spécial pour l’avoir ! C’est quand même pas normal, et c’est même injuste, que pour apprendre le piano, il m’ait simplement fallut regarder mon père en jouer cinq minutes pétantes ! Et c’est tout ! En une heure et demie, j’étais un virtuose ! Et pareil pour le violon ! Et voilà ! Paf, rien à dire ! Même le Pape, les rois de France et d’Angleterre, l’Empereur germain, il n’en reviennent pas ! Même mon père, il en était sur le cul ! Non mais faut pas déconner, quel mérite on a quand on est capable de composer un concerto à quatre ans ? Aucun ! Pas un seul ! C’est un truc qui m’est tombé dessus, un point c’est tout ! A vari dire, j’ai l’impression d’être un instrument, un vulgaire instrument du vieux Barbu ! Et si c’est ça, ben vois-tu, j’aurai préféré être un sans-talent ! Et tant pis si ma musique ne ferait pas vieillir les plantes ou brailler les clébards ! L’absolu de beauté, ça se mérite !

Publié dans Journaux intimes

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