Les Carnets du dictateur, dixièmes préludes

Publié le par Lukaleo

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14 de septembre

 

Mais que signifiait tout ce raffut dont je me faisais l’écho ? Ce matin, un jeune individu à la voix fluette et au charisme d’un sous-homme se présentait à moi. « Hum….il faudrait que vous veniez, on vous attend d’urgence au troisième niveau.» disait-il en substance. Je gémissais de dégoût et de lassitude allongé sur mon divan primordial. Finalement je dus me résigner à ce suivre cet infâme pisse-froid.

La porte blindé s’ouvrit, je me retrouvais seul face à une dizaine d’hommes, tous plus importants les uns que les autres. Ils  me saluèrent affectueusement. Puis l’un pris la parole : « Vous n’êtes pas sans savoir que notre politique d’extermination se porte de mieux en mieux. Pourtant, de nombreuses rumeurs courent sur ce sujet dans les chaumières. Aussi, nous sommes recherchés par les flics. Si nous sommes découverts, notre mort est assurée. Alors pour les raisons que je viens d’établir, je propose de déménager.» L’approbation fut générale.

Peu de temps après, nous trouvâmes dans un journal de petites annonces un bunker pas très vieux de 940 m2 et proche du centre ville, ce qui n’est d’ailleurs pas négligeable. L’après-midi j’allais le visiter. En parfait état, mis à part le plancher qui craque, l’édifice me plut et nous pûmes nous y installer dans la discrétion la plus total en fin de journée. A cet instant je vais aller passer ma première nuit ici même où j’écris ces lignes dans ma solitude émérite.

Depuis quelques nuits, j’ai noté qu’un rêve se réitérait perpétuellement durant mon sommeil. En effet, mes phases de somnolence sont toutes illustrées par le dernier quart d’heure d’Hitler dans son bunker avant le suicide. Cette séquence, cette fixation que mon inconscient s’est amusé à développer m’inspire la fascination le plus totale mais aussi l’ambiguïté que l’image suggère. Simultanément, et ce qui m’inquiète le plus, c’est que je ne parviens pas à me sortir ce dessin de la tête. Ce songe s’imprègne, comble, dévore, ronge littéralement l’ordinateur neurophile qui me sert de cerveau. A la simple occlusion volontaire de mes paupières alourdies, dans l'obscurité dansante qui s’engendre, se reflète cette photographie susdécrite. Elle est partout. La situation est critique, je le sens, quelque chose peut lâcher à tout moment, le sang frappe à mes tempes, la tête tourne, l'esprit est saturé, la folie est imminente !

Et comme une catastrophe n’arrive jamais seul, la Suisse vient de nous déclarer la guerre. Heureusement, je sais où trouver le cyanure !

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L
pov' dictateur-kun!
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