Magical Mystery Tour

Publié le par Jovialovitch

       « Bon les copains, qu’est-ce qu’on fait ce soir ? » qu’il demande George. Les trois autres le regardent tout bizarres ; ils n’ont pas entendus. « Je dis… va falloir qu’on trouve quelque chose à faire ce soir, non ? » qu’il répète, George. John se lève. Il dit que pour sa part, il aimerait ne pas sortir, rester tranquille, se coucher tôt. Alors Paul se fâche : « Non mais tu déconnes ? George a raison : on ne va pas rester là toute la soirée ! » John répond, courroucé : « Mais j’en ai ma claque de sortir tous les soirs ! Ça commence à bien faire, moi je suis crevé ! » Paul est consterné. Il s’éloigne. John l’a toujours énervé. Y’a comme qui dirait une rivalité entre les deux. « Non mais c’est vrai, quoi, les gars : on n’a pas arrêter une seconde, cette semaine ! On pourrait peut-être se clamer un peu, non ? » qu’il demande, John, comme pour se donner de la contenance. Mais les deux autres ne sont pas d’accord, surtout George : « Non, on va s’ennuyer ! Et puis quoi, j’ai envie de sortir ! Pas vrai, Richard ? » Et Richard répond, riant : « Je veux sortir, moi ! » Là, George appelle Paul. Alors, un peu boudant,  bras croisés, mine déconfite et silencieuse, Paul revient dans la pièce. « Quoi ? Qu’est-ce qu’y a ? » George voit que John semble faire la gueule aussi. « Bon, les gars, on est quatre ; il se trouve qu’on est trois a vouloir sortir : moi, Paul, et Richard » « Ouais, je veux sortir, moi ! » confirme Richard. John, les regarde tous les trois. Il comprend qu’il est obligé de les suivre. Il ne peut rester tout seul. Alors il dit : « Bon ben allons-y ! » Les trois autres sont contents. « Ouais, cool, on va pouvoir sortir ! » assure Richard. Mais George regarde Paul : « Ouais, mais où est-ce qu’on sort ? » Et Paul demande à John, avec dans le regard une étrange perfidie : « T’as une idée, toi ? » Et John dit en avoir une : « Il y a un concert à Liverpool ! On n’a qu’à y aller ! » L’idée semble plaire aux trois autres. Surtout à Richard : « Ouais cool, le concert ! » George et Paul semblent emballer… « Bonne idée, John ! Allons-y ! » Et ils se mettent en route. Comme d’habitude, c’est George qui conduit.
         Une demi-heure plus tard, les quatre copains arrivent vers la salle. Il y a foule. C’est stupéfiant. « J’espère qu’il restera de la pace pour nous » se demande George. « Si Richard avait pu éviter de vomir en cours de route ! » déplore Paul, tandis que Richard se tait peureusement. Ils rentrent dans la salle. On les attend. « Vous voilà ! » leur dit une femme qui semble très pressée, très inquiète. « Bien, vous êtes en tenue ? C’est bon ? » Les quatre répondent que oui. « Alors écoutez-moi bien : vous montez les escaliers, vous entrez dans la salle, et c’est bon, vous écouter le concert… » « Comme d’habitude ! » s’exclame Richard. « Oui, c’est ça comme d’habitude ! Ça ira ? » John demande quel type de concert ce sera. On lui dit que ce sont des chœurs de jeunes filles… « Comme d’habitude ! » déplore John. « Oui, ben ça va ! Moi j’aime bien ces concerts ! » affirme Paul. « Moi aussi ! » confirme Richard. Les voilà qui montent les escaliers. Le concert ne va pas tarder. Ils entendent déjà les chanteuses se préparer. Il semble qu’on s’échauffe. Paul et John sont devants, suivis par George et Richard. Ils montent lentement chaque marche.  En haut, ils attendent que s’ouvre le rideau. Il bouge. Les projecteurs s’allument. Le concert commence...
          « Mesdames Mesdemoiselles Messieurs, voici : John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr... vos quatre Beatles ! » Et le concert commence : un déferlement de clameurs tumultueux, assourdissants sifflements sans fin… Des exclamations sans cesse renouvelées, un océan strident d’hurlement de jeunes filles pubères. Un spectacle son et lumière de haute volée : les flux de cette foule écumante impressionne chaque Beatles… Des donzelles en transe de vocalises, de petites groupies tombées dans les pommes, en larme, adulatrices hurlants et sautillantes : un spectacle d’une intensité si violente que des frissons les parcourent… Et puis, cette musique : si haut perchée… Ce cri, long, long, incroyablement infini, comme le son d’un milliard d’étoiles filantes fouaillant dans la même seconde d’éternité, un ciel d’apocalypse ; un flux flouant d'hystérisation collective et d'euphorie générale, d'où surgit ce concert extatique, fleuve incessant de l'histoire en marche, qui emporte les Beatles dans la plus grande épopée musicale de tous les temps...

Publié dans Nouvelles enivrées

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article