Quand on est con, on est con

Publié le par Lukaleo

adoration-du-veau-1940-41.jpg

« Tuer tous les cons ! » Voici à quoi se résumait le programme et l’idée géniale de Michel Vrillon, candidat, pour la première fois par ailleurs, à l’élection présidentielle.

Lorsqu’il présenta son ambition, pas moins de six mois avant la consultation précédemment nommée,  Michel Vrillon n’était qu’un pauvre et médiocre inconnu, ignoré de tous, comme vous et moi, enfin comme moie n tout cas. Cependant, Michel Vrillon vit son statut changer rapidement, et c’est pas peu dire. En un moi, il devint l’idole de tout un peuple, que dis-je, l’icône de toute une population lassée par le chômage persistant et tout le tralala. Bref, il avait fait naître un immense espoir illimité dont les limites surpassèrent les frontières nationales. Et ce, grâce à un coup de génie ; grâce à une seule phrase, prononcée lors d’un minable journal de 20h sur TF1 présenté par Claire Chazal (pléonasme) :  « SI je suis élu, je tuerais tous les cons ! »

Si dans un premier temps l’annonce fut accueillie sans grande approbation ; elle ne suscita toutefois point d’indignation et on préféra s’en moquer. Mais le bonhomme et l’idée fit son chemin au cours de meeting délirants et à force d’émissions considérablement regardées par cette conne de ménagère de moins de cinquante ans ; Michel Vrillon fut légitimé par la presse et fit son apparition dans quasiment tous les sondages d’opinion catalysant sur sa seule personne l’intérêt passionné de tous les chroniqueurs et journalistes politique au détriment des candidats « normaux », ceux qui veulent diminuer le chômage et tout le tralala.

Mais le pire, c’est qu’en plus d’être partout, Michel Vrillon n’avait aucun parti, aucun soutien (à part sa femme on imagine), aucuns moyens et surtout aucun programme sinon celui de « tuer tous les cons ! »

Finalement, le temps passa, l’élection se précisait et Michel Vrillon subsistait. En cette période, il était tout simplement en tête de tous les sondages et venait de recueillir les 500 signatures nécessaires à une candidature à l’éminent scrutin.

Premier tour : 36 % des voix pour Vrillon qui se place juste devant Sarkozy (le président sortant) qui obtient 27 % des suffrages exprimés (et oui, il a un bon bilan). A la suite de ce premier tour, Michel Vrillon semble finalement en régression par rapport aux attentes formulées et manifestés depuis quelques temps par l’opinion publique Toujours est-il qu’allait avoir lieu le fameux débat qui pour l’occasion, se verrait auréolé d’un certain atypisme pas piqué des hannetons.

Le débat : Michel Vrillon a la parole en premier : « Je remercie les françaises et les français qui ont voté pour moi au premier tour de cette élection ; aussi, j’ai souhaité participer à ce débat pour exprimer deux choses d’une simplicité et d’une efficacité accablante. Mon programme le voilà : je vais tuer tous les cons ! Je vais l’appliquer sur mes cinq années de mandat. Deuxièmement, mon opposant, Nicolas Sarkozy, ici présent, est un con. » Le froid jeté par Vrillon n’eut d’égal que l’effet qu’il produisit sur le candidat sortant. Il y avait deux solutions. Soit convaincre les français de réélire leur bien aimé président sortant, soit se rallier à Vrillon et ne pas être tué dans une logique défaitiste (encore faudrait-il qu’il tienne sa promesse). Dilemme cornélien donc pour Sarkozy qui devait attendre le choix  du parti socialiste (toujours vivant) : qui allait-il appeler à voter ? Enfin, Sarkozy allait-il pouvoir aller au bout, sauvant dignement sa vie, où allait-il sauver sa vie, lâchement en rejoignant Vrillon ? Tels fussent les enjeux en ces temps sombres.

Finalement, au lendemain du débat, le président sortant appela à voter massivement pour Michel Vrillon et le parti socialiste fit de même ainsi que les plus grands médias (vous savez, les amis de Sarkozy). Ben oui, vaut mieux pas trop faire le con.

Deuxième tour : 91% pour Michel Vrillon ; record de mobilisation, la totale quoi. « Un grand moment d’expression de la démocratie » écrira Jean D’Ormesson dans Le Figaro. Ainsi fut investi le nouveau président de la République, Michel Vrillon, soumis au fameux protocole que vous savez.

Et là : état de grâce, mais problème : les législatives ! Mais non, pas problème : 576 sièges obtenus par le parti crée par Vrillon (la Communauté Originale Nationale) et un siège obtenu par un candidat du MoDem (vous savez le parti indépendant et libre de François Bayrou) pour quelques temps.

Après tous ces événement qui ne manquèrent pas de faire (sur)vivre la presse française et étrangère, Michel Vrillon fit une allocution radiophonique et télévisuelle où il dit : « JE VOUS AI COMPRIS ! » Et c’était parti, les exécutions de cons avaient commencé !

Cinq ans plus tard : avec pas moins de 91% de la population fut tuée, Michel Vrillon avait, il faut bien l’avoué, un bon bilan et tenu sa promesse. Bon bilan sur lequel, Michel Vrillon s’appuyait d‘ailleurs logiquement pour s’adjoindre un deuxième mandat, car l’élection présidentielle arrivait non d’une pipe.

Premier tour : 100% pour Nicolas Sarkozy ! Non de dieu, Michel Vrillon battu dès le premier tour ! Nicolas Sarkozy président pour la deuxième fois. 


Suite à sa cuisante défaite, Michel Vrillon, humilié,  quitta la France, indigné. En voulant tuer tous les cons, il avait tué tous ses électeurs ! « Mais quel con, mais quel con je suis ! » ; homme de parole,  il se suicida !

Publié dans Nouvelles enivrées

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article