Ce sacré lutin...

Publié le par Jovialovitch

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                                                    en direct des Impromptus Littéraires
      
      Dans les glèbes humides et tarabiscotés clinquants leur tic sous le ciel de France, se trouvait une ferme. Celle des Gargouille. Une belle bâtisse, qui datait de la défaite de 1870, avec une charpente comme on en voyait rarement dans la région. Une pure merveille, la charpente… un vrai miracle… un absolu de beauté à l’ancienne… Cela dit, les Gargouille, ils s’en foutaient pas mal, de leur charpente : « Vous croyez qu’on que ça à faire, nous autres ?... Lever les châsses pour reluquer une poutre ?… » En effet, les Gargouille, une belle famille française, bien nombreuse et tellement honnête que ça en aurait fait pâlir de honte et d’incompréhension le premier des youpins, avaient autre chose à faire que contempler la fine charpente de leur demeure, aussi admirable soit-elle.
 
     Parce que les Gargouille étaient dans l’élevage. Mais un élevage qui demandait du temps, du travail, de la concentration, et puis, de l’amour. Et voilà qui ne laisse pas le temps de lorgner une charpente… Les Gargouilles, ils n’élevaient pas des vaches, pas des chevaux… ni des moutons… encore moins de la volaille : ils élevaient des lutins ! « Et c’est pas coton tous les jours ! » qu’ils disent, les Gargouille… Car en effet, l’élevage de lutins, c’est éminemment amphigourique… Il faut les nourrir, entretenir leurs barbes, les laisser libres mais en évitant qu’ils ne s’évadent sans pour autant les faire mourir d’ennui dans une cage froide et inhumaine… Il faut qu’ils puissent développer un peu leur féerie, ces bestioles-là, sans que ça n’en devienne malsains pour les autres… il faut leur raconter des histoires, les emmener promener… et puis bien sûr, leur apprendre à fabriquer des cadeaux dans la plus pure tradition tayloro-fordiste pour le père Noël… Et pour faire tout ça…il faut du temps...de la patience... et tout ce qui s'en suit...hé !...
        Parce qu’avec des lutins, dès qu’on a le dos tourné…hop…ils font des leurs ! Les butors, c’est qu’ils s’excitent vite ! D’ailleurs, une catastrophe est arrivée y’a pas si longtemps que ça ! La mère Gargouille  répondait au téléphone...c’était justement la petite-fille de Tolkien qui appelait pour une commande : « Une grosse ! » qu’elle voulait, la Tolkien (dans le métier, une grosse, c’est douze douzaine). La mère Gargouille, elle note ça sur le carnet de commande, elle revient dans l’enclos, et là, tout de suite, elle flaire qu’il en manque un ! 
       « On a un lutin dans la nature ! » qu’elle se met à hurler, la vieille ! Elle déclenche l’alarme ! Elle fait sonner la cloche ! Tous les Gargouille s’activent : ils emmurent tous les lutins, et sortent en combinaison pour pincer celui qu’a prit la fuite… Et alors là, ça peut durer des heures entières, voir des jours… Ici, ils ont mis du temps avant de retrouver ne serait-ce que sa trace : « Mais où est-il donc passé ce sacré lutin ? » qu’ils se demandaient tous avec des bacchantes toutes transpirantes, les Gargouille... Ca, ils en avaient les mains toutes tremblotantes ! 
    Jusqu’au jour où ils le retrouvent… Tranquille, en train de dormir, au pied d’un champignon… Ils le mettent dans un sac et hop… Le voilà de retour dans la ferme…beaucoup de frayeur pour pas grand-chose, au fond… Mais une catastrophe peut vite arriver : les sorcières rôdent dans la région…Et puis, Lucifer a bien fini sa chute dans le coin… Faut se méfier…

Publié dans Nouvelles enivrées

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P
çui-là je l'ai lu chez les impromptus... mais ciel quel retard j'ai pris, tu es prolixe l'ami!
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F
Je découvre ton blog par l'intemédiaire des impromptus littéraires, et je voulai juste dire que tout cela me plaisait fortement.<br /> <br /> Bonne continuation, Jovialovitch.
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