Caillou Fatum puis Abeille Avenir

Publié le par Lukaleo

fleur-pascale-1.jpg         La petite abeille est belle, elle chancelle et slalome dans les aires avec amusement, se laissent porter joyeusement par le vent. Il semble que l’azuréen ciel bleu à la Gérard Klein soit ainsi bariolé vivement pour faire ressortir les couleurs de la petite abeille, dont le fin son ronflant de ses ailes qui s’agitent donnent au temps la lourdeur d’un été bien chaud où s’enveniment les bourgeons. Ses grands yeux dessinent l’esquisse simpliste d’un bonheur tendre et partagé que nul ne semble pourvoir, ni vouloir, arrêter.

         Le petit caillou roule sur le flanc abrupt de la montagne. Il roule, il roule, dégringole en un roulé-boulé qui s’enrobe. En des rebonds frétillants, le petit caillou sautille vers le plateau où s’arrête la montagne, et à chaque coups qu’il donne au sol rocailleux, surgit dans l’air le phonème fin et précis d’un doigt qui se craque. Comme une planète et ses révolutions, le petit caillou en fait des tas de tours sur lui-même, et il semble heureux de zigzaguer tournoyant sur cette pente alpine estivale.

         La petite fleur des bois ébroue en tourbillonnements chétifs, mais sa tige verte vif se redresse toujours. Les éléments semblent comme se déchainer contre son petit corps fragile, et elle, qui pour mince brindilles futiles est un colosse, sait bien qu’elle en est un, au pied d’argile. Et de ses pétales ouverts, et de  ses couleurs forts claires, et de son sa beauté juste un peu fière, ne ressort que la beauté lucide, d’un ornement jardinier qui dit au perfide visiteur voyeurs : « suivez le guide ! » 

         La petite abeille, point trop n’en faut pour elle, et à chaque jour suffisant sa peine, elle remarque bien en bas sur le plat, sur les côtes herbeuses d’une flaque limpide, l’objectif fixé quand elle prit son départ risqué, et s’en va perdant de l’altitude, elle s’en approche avec mansuétude.

         Le petit caillou n’en finit pas de chuter, d’accélérer comme pour aux autres signifier, l’incalculable vitesse qu’il s’empresse d’augmenter. Il est comme invincible, une volonté éhontée se dessine sur sa surface, polie par un mouvement de virevolte persistant qui s’en va grandissant.

         La petite fleur, effleurée dans son âme froissé, s’en fût toute effrayé quand ombrage lui fut fait, et n’en comprenant plus rien, n’en sachant plus où en donné, fut bien surprise d’en subir le soudain siège et virevoltant de souffrance, comprit fanée qu’on venait pour la piller, la fouiller, la souiller.

         La petite abeille s’en vint ruminer son pollen à la petite fleur, qui subit ce poids-là plein d’horreur, et qui vu jusqu’à sa figée tige déviée par l’abeille qui s'affairait pour la dernière fois.

         Le petit caillou, en moins de temps qu’il n’en faut pour la dire, s’en vit clore alors sa cours folle d’entre les nuages sur le précis pétale de la fleur, où butine tranquille l’abeille enivrée !

         La petite fleur en subit durement le choc, et pliant l’échine se retrouve avec sur l’ogive, les cadavres disloqués de l’abeille écrasée et du petit caillou, qui du dard mortel de sa victime reine, n’aura pas survécu…

Publié dans Nouvelles enivrées

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