Les Carnets du dictateur, le Monomaniaque II

Publié le par Jovialovitch

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13 de février

 

            De son ancienne physionomie de femme nue ne restait que les yeux terrifiants. « Je savais bien que ces yeux avaient quelque chose de monomaniaque ! » que j’me dis. J’ai frôlé la mort ! Alors que je voulais poursuivre l’interrogatoire et ne sachant plus quoi penser du Monomaniaque et de cette femme nue qu’il daignait être lorsque le désir (ou le besoin) s’en faisait, celui-ci saisi dans l’une de ses innombrables poches un énorme couteau tranchant, éclatant, sur lequel le soleil se réfléchissait – hélas n’avais-je point de pistolet sur moi – et m’éblouissait de relents insupportables. M’efforçant de froncer le plus possible mes yeux offensés, les siens continuaient de m’absorber, je demeurais immobile, tentant comme je le puis de me détacher des hypnoses assassines ; je prononçais paroles absurdes et improvisées : « Il reste du gigot au frigo… » Je me taisais et reprenais sous les sortilèges, dans un état semi léthargique « Je peux vous le faire cuire. Un bon petit gigot comme votre grand-mère aurait pu vous en faire des cents et des milles, vous comprenez, c’en est-il pas alléchant palsambleu ?! Ahah si cela n’est-il pas alléchant, autant qu’on me la coupe ! » Le soleil du se retirer derrière un nuage complice, le couteau alors m’apparu à nouveau, monumental, et agressif.

            Le Monomaniaque pris la parole : « Comme je vous l’ai dit monsieur….., je vous aime follement. Comme je vous l’ai dit, je vous désir ardemment, comme je vous l’ai dit j’aimerais vous montrer mas collection de fers à repasser. Vous n’avez daigné ma déclaration éprise, brûlante et enflammée sous prétexte qu’un être autre avait votre considération distinguée. Or cet autre, c’est vous ! Aussi, m’étais-je juré auparavant d’éliminer quelconques entraves à notre amour promis. Je vais donc en toute légitimité vous éliminer ; après quoi je vous posséderais pleinement et vous ne pourrez plus que m’aimer………follement. » Je m'inquiéta de cette soliloque saumâtre et dis : « Mais……si….si vous tuez l’être que j’aime follement, je ne pourrais continuer de vivre, j’en mourrais vous comprenez ? » « Soit ! » « Non, repris-je avec la force du désespéré incompris de ces contemporains qu’il arrose de son mépris, vous ne pouvez pas ! » « Et qui pourrait m’en empêcher bibiche ? » Je ne supportât plus ses camaraderies inaudibles de mes oreilles empruntes de pudeur et de continence : « Je vous l’ai dit ma chérie, après cela  je serai un homme brisé, vidé de son désir de vivre, lassé, j’en mourrais ! » La discussion s’interrompit. Le Monomaniaque adopta une attitude réflexive ; ensuite, il parla : « Et si vous renonciez à votre amour ? Cela arrangerait les choses n’est-il pas ? S’il vous plait ! » Je voulu répondre mais je ressentis une terrible douleur à la voûte plantaire. Bondieuserie ! me susurrai-je. Au même moment, le Monomaniaque s’effondra sur le sol poussiéreux. « Ben merde ! » Croyant en prémisses à un simple malaise, je lui tapotai les joues fermement. Mais j’en vins vite à la vérité, il ne respirait plus ! J’en profitai alors pour chercher la fameuse fermeture éclair par laquelle il s’était métamorphosé jadis. Echec !   Ma souffrance plantaire devenait pire châtiment. Je bondis brusquement sur mon lit et m’en reposa ; le corps du Monomaniaque en perspective, et son regard effroyable qui semblait dire : « Il reste du gigot au frigo…. » « Je sais ! »

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