Plus jamais ça !

Publié le par Lukaleo

L-apotheose-de-la-guerre.jpg     
      Il y a des amitiés comme ça, qui sont absolument incompressibles. Prenons par exemple le cas de l’inclination irréductible qui lie la première et la seconde guerre mondiale ! C’est bien simple : elles s’adorent mutuellement et ne peuvent plus se quitter. Leurs admirables discussions des longues nuits d’hiver raisonnent dans l’écho du marbre de la postérité, et de leurs vastes éruditions respectives tirent toutes deux des débats, dont la beauté rhétorique laisse pantois n’importe lequel d’entre nous :

-         « N’importe quoi ma chérie ! C’est moi, entends-tu, moi qui fut la pire des guerres ! commence la seconde guerre mondiale avec une certitude qui aurait fait flancher n’importe quel interlocuteur s’il n’avait pas un sens de la répartie suffisant pour contrer cette violente attaque surprise.

-         Tu n’aies pas la pire des guerres et pour une simple raison ; tu n’as rien inventé ! Les bombardements, c’est de moi ; les civils touchés, c’est de moi ; l’économie de guerre, c’est de moi, la boucherie abominable, c’est de moi ; la guerre moderne très longue, c’est de moi ; le gazage, c’est de moi et j’en passe ! contre-attaqua la première guerre mondiale.

-         Peut-être que t’as inventé tout ça, mais c’est bien moi qui les est portés à leurs paroxysme ! D’ailleurs, ta fait 15 millions de morts, moi j’en ai fait 62, alors tu vois !

-         Ah voilà, les chiffres, les chiffres ! La guerre, ce n’est pas des mathématiques ! Et puis replace les chose dans leur contexte, que diantre ! Oublis pas que moi, je suis plus ancienne que toi ! Et quand même, question millions de mort, j’en connais un rayon ! Je suis la première à avoir posé à l’humanité la question de sa propre destruction !  

-         Et le génocide, tu me l’as appris peut-être !? Si je en m’abuse, c’est quand même sorti de mon cerveau fécond le plus grand génocide de tout les temps, hein, pas du tient !

-         Je te signale que des génocide, y’en a eu un bon avant toi, et avant moi ! T’as rien inventé et tu te prends pour la plus grande guerre du monde ! Qui c’est que l’on surnomme la Drôle de guerre déjà ? Ce ne serait pas toi par hasard ?

-         Va demander aux russes si je les fais rire !

-         Et moi alors, c’est quand même grâce à moi qu’ils ont fait la Révolution, et que s’en est suivit quelque 100 millions de morts !

-         C’est aussi grâce à moi qu’on a eu la guerre froide, puisque j’ai réussi à monter un monde capitaliste à l’Ouest, et un monde communiste à l’Est !

-         C’est vrai qu’on ne peut pas te l’enlever ! Mais d’un autre côté, au final, ces cons-là ils ont pondu l’Union Européenne, tandis que moi, je me suis terminé en beauté avec le traité de Versailles ! Ca c’est une vista !

-         Si ça c’est passé comme ça, c’est parce que je suis allé trop loin ! J’aurai pas dû utiliser la Bombe !

-         Mais si ! Mais si ! C’était génial comme idée !

-         Enfin, ça a fait de moi la dernière des guerres mondiales ! Enfin ; peut-être !

-         Tu vois la différence entre nous deux….c’était sensé être moi le "Der des ders" et puis hop, j’ai su sortir par la grande porte, tandis que toi avec ta folie des grandeur, la troisième, on peut l’attendre longtemps !

-         Ca va venir, ma vieille, ça va venir… »

     C’est donc sur ces douces et barbituriques paroles que la Grande et le Drôle se parlent avec passion depuis maintenant un peu plus de soixante, et comme elles le disent si bien : « Jamais deux sans trois !... » 

Publié dans Nouvelles enivrées

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article